mardi 15 juin 2010

La mosquée de Dioulasso-Bâ

Elle délimite le quartier musulman au coeur du vieux Bobo...Très ancienne, sa construction date de la fin du 19ème siècle (1894).
Son architecture est assez originale : d'origine Soudanaise, entièrement en Banco (briques d'argile séchées),ses minarets sont hérissés de pieux en bois.
En fait, ces pieux ne sont pas scellés, ils peuvent se retirer et se changer, et ils sont très utiles pour les ouvriers qui font les réparations sur le pisé (crépi) qui recouvre les briques et qui est très fragile du fait de la sécheresse et des pluies.
Cette mosquée a été construite sur un lieu de culte animiste, c'est pourquoi lorsque les masquent sortent dans le vieux Bobo, ils se rassemblent devant la mosquée.
J'ai pu la visiter, avec un guide et en me déchaussant.

Vues de l'intérieur de la mosquée

Mais le plus impressionnant, c'est lorsque l'on débouche sur la terrasse. De là-haut, on a une vue magnifique sur le quartier du vieux Bobo et sur la ville elle-même.

On peut grimper à l'intérieur des minarets où il y a des cellules de prière, très simples et au confort sommaire : une natte, un tabouret...et c'est tout!

Sur le toit, les petites cloches d'argile servent à boucher les aérations en cas de pluie.








Imaginez un peu l'agilité des ouvriers...
Soleil couchant sur "les meringues" de la terrasse

Emmanuel, le fils de Bibata et André, nos voisins à Bobo, m'accompagnait : une façon pour lui de découvrir son pays...il en était ravi

vendredi 11 juin 2010

Le quartier du vieux Bobo...



ou quartier de Sya...est le plus ancien quartier de la ville.

"La légende raconte que l'Ancêtre Bobo était venu du lointain ouest, accompagné de sa femme. Lorsqu'ils arrivèrent dans cette région où se trouvait beaucoup de gros gibiers, ils s'arrétèrent. La nuit qui suivit, les génies des lieux annoncèrent à la femme qu'elle devait retenir son mari, car c'est ici qu'elle engendrerait un grand peuple. L'Ancêtre Bobo accepta de rester sur cette terre et y planta son épée qu'il nomma Timina.
Vers le 15ème siècle, Sya, fille du dernier patriarche, était connue pour sa gentillesse. Nombreux étaient les visiteurs qui disaient :"Je vais chez Sya", si bien que le village finit par prendre son nom....Au 17ème siècle, le village de Sya était alors divisé en quatre parties : le quartier animiste habité par les agriculteurs, le quartier musulman, habité par les Bobo-Dioula guerriers occupés à défendre la ville, le quartiers des griots, et le quartier des forgerons.
Dès 1886, les Français occupèrent le village de Sya, qu'ils renommèrent Bobo-Dioulasso (en Dioula, maison des Bobo et des Dioula)...Aujourd'hui, Sya est le plus ancien quartier de la ville...Le vieux quartier est toujours visible...délimité d'un côté par la rivière Sanyon et de l'autre par le Houet."
Extraits du guide "Burkina Faso, Au pays des hommes intègres" aux Editions Olizane

La maison de Sya
Comme à Koro, ce quartier se visite avec un guide...nous partons donc avec un colosse à travers les rues ...qu'il veut bien nous montrer. Le parcours est classique et dans chaque quartier il nous emmène dans la boutique de l'Association  des artisans qui gère le quartier...c'est de bonne guerre et il faut bien vivre. Ils ont le mérite d'encadrer et de faire vivre une population très pauvre. Ils se nomment eux-mêmes "l'Association des mangeurs d'arachides", l'idée leur en étant venue en grignotant des cacahuètes...

Comme dans chaque village, le fétiche où sont faits les sacrifices rituels 
 En parcourant les rues des différents quartiers, nous discutons avec notre guide. Nous l'interrogeons sur le fait que les forgerons ne peuvent se marier avec les agriculteurs ou les musulmans...il nous confirmera que ce système de caste perdure encore aujourd'hui et que sans l'accord des vieux du village, cela ne pourra se faire...tout "occidentalisé" qu'il soit avec son tee-shirt de foot et sa casquette.

 Dans le quartier des forgerons, un ancien soufflet de forge que l'on actionne avec les pieds

A la doloterie, le sorgho  (mil rouge) fermente et l'on prépare la bière de mil, le Dolo 


Le Houet, rivière où nagent les poissons sacrés, les silures
 
 La rivière est un des lieux de rassemblement du vieux quartier : les animaux y boivent, les femmes y font la vaisselle et la lessive, et sont au puits pour prendre de l'eau, les enfants y jouent...et l'on nourrit les silures : s'ils mangent votre offrande (entrailles de poulet le plus souvent), tout va bien,
 sinon...mauvais signe!...

Les briques de Banco (argile) sèchent pour la fabrication des maisons