lundi 19 septembre 2011

Joal - Fadiouth l'île aux coquillages

L'île de Fadiouth n'est pas vraiment une île, plutôt une presqu'île reliée à la terre par une passerelle, grand pont de bois d'environ 400m...
Si elle attire les visiteurs c'est surtout parce que Joal est la ville natale de Léopold Sengar Senghor.
On accède à l'île, soit en pirogue, soit par le pont de bois, en prenant un guide qui est un enfant du pays.

L'ancienne passerelle vue de la nouvelle (en meilleur état)

Le cimetière de l'île de Fadiouth est célèbre lui aussi...pour son panorama : il est situé sur une petite ile reliée à la première par une passerelle de bois...quelques tombes, les baobabs et tout autour la mangrove et la mer.
Mais surtout c'est un cimetière qui accueille chrétiens et musulmans...Sur l'île de Fadiouth, la population vit  en harmonie...les mariages mixtes ne sont pas exceptionnels.

Le cimetière de l'île de Fadiouth

Les rues sont pavées de coquillages, les murs des maisons aussi : les coquilles vides servaient de mortier pour construire les habitations autrefois..Malheureusement depuis, les parpaings et la tôle ont remplacé les murs en coquillages et les toits de seccos...

 maison aux murs de coquillages...en ruine

Avec le soleil qui se reflète sur les coquillages blancs, les rues du village sont écrasées de luminosité et de chaleur...
Face au cimetière, les anciens greniers à mil sur pilotis se dressent au milieu de la mangrove. Ils ne servent plus, mais leur architecture est le témoin d'un ancien savoir faire. C'est quand même plus beau que les parpaings et la tôle!!!

Greniers à mil sur pilotis


Humour africain : chaque boutique a pris le nom de célèbres enseignes de super-marchés français

mercredi 14 septembre 2011

Ker Moussa et le Lac Rose

Samedi, 15 heures...fin de stage intensif  (formation des directeurs d'école en tant que "directeurs encadrants pédagogiques")...chaleur...la tension qui se relâche...une sieste s'impose...
Puis les courses chez le Libanais...pas de week-end prolongé...dès lundi matin, visites d'écoles...
Pour ce dimanche, nous décidons de ne pas aller trop loin...ce sera l'abbaye de Keur Moussa, où parait-il, la messe est chantée en dialecte local et jouée par des instruments africains (calebasses, djembés et koras)...Pourquoi pas...
Puis direction le Lac Rose, immortalisé par l'arrivée du rallye Paris-Dakar, au temps où il était encore en Afrique...

Keur Moussa
La messe... est une messe (on s'en doute!!!)
Mais le spectacle est plus dans la salle...si j'ose dire...tenues endimanchées, boubous chatoyants et colorés...et ferveur très religieuse...L'église est trop petite, et une grande partie des fidèles reste en plein air sur le parvis...
C'est loin du godspel, cela reste très épuré, mais on se laisse prendre au son des koras et des djembés...


Peintures traditionnelles du choeur

Sortie de messe sous les arbres...

Après quelques emplettes dans la petite épicerie tenue par les religieux (sirops, confitures, fruits locaux), nous repartons pour le Lac Rose, dans le taxi qui nous a attendu, avec Sidi, notre chauffeur préféré.
Nous arrivons sur le lac par la rive sud...
Le Lac Rose (ou Lac Retba), d' une superficie de 3 km2 et d'une profondeur maximale de 3m,  doit son nom à sa couleur...une bactérie aquatique bien particulière et arrivant à se développer dans ce milieu très salin (taux de salinité 10 fois supérieur à l'Océan...une mer Morte en miniature), produit le pigment qui teinte les eaux du lac (extraits du guide Sénégal et Gambie Bibliothèque du voyageur Gallimard)
 En réalité pas vraiment rose, mais plutôt entre le vieux rose et le violet clair passé...par moments... en fonction des nuages et de la luminosité du ciel...

Le Lac Rose

Vestiges du Paris-Dakar?...le toit des maisons est surmonté d'un pneu qui fait office de faîtière pour tenir les "seccos" (roseaux)!!!
L'extraction du sel, principale industrie, se fait de façon très rudimentaire : une simple pirogue, on ratisse le fond du lac et des tas de sel brut se dressent sur la berge...
Travail de forçats, beaucoup d'émigrés maliens...L'un d'entre eux nous explique comment ils se protègent la peu avec du beurre de karité...le ballet incessant des femmes qui déchargent les pirogues...les tas de sel vaseux qui blanchissent au soleil...comment ils ajoutent de l'iode, en quelle proportion...le chargement en sacs...puis le chargement des camions des marchands...


Pirogue sur le lac


Déchargement


Tas de sel brut...c'est le soleil qui va le blanchir


Intense activité sur les berges du lac

Mis à part l'extraction du sel, l'autre activité principale est le tourisme...derrière une auberge très agréable, nous découvrons le village de paillotes des vendeurs de "souvenirs" locaux...que nous aurons bien du mal à traverser sans marchandages ni palabres...




mercredi 7 septembre 2011

L'île de Gorée

On ne peut aller au Sénégal sans penser à Gorée, sans aller à Gorée...mémoire de la traite négrière et de l'esclavage.
Les représentations que j'en avais venaient de mes  lectures (BD Les passagers du vent de François Bourgeon entre autres) et d'un film avec Bernard Giraudeau et Richard Borhinger ( Les caprices d'un fleuve).
Gorée est une petite île, située en face de Dakar : il faut donc prendre un bateau pour y aller.

Le port de Dakar

Dès l'embarcadère...beaucoup de monde...des classes entières de collégiens ou lycéens. La visite de Gorée fait partie des programmes scolaires. C'est pour cela que les tours opérators mettent le plus souvent cette visite les week-end.
En semaine, les touristes sont vite repérés; un guide nous propose ses services. Nous discutons les prix...
La traversée est très courte (à peine 20 min)...Beaucoup de monde...le bateau du matin amène également les Dakarois qui travaillent sur l'île.

Le fort d'Estrées à la pointe nord de l'île

L'histoire de l'île transparait dans son architecture...tantôt portugaise, hollandaise ou française...
On y repère les maisons à leur style mais aussi à leur couleur : rouge brique les maisons portugaises, jaune ocre les maisons hollandaises, blanches les françaises...une palette de couleurs. Beaucoup sont en mauvais état.
Tristement célèbre à cause de son rôle pendant la traite négrière, Gorée reste un lieu de pélerinage pour les Sénégalais et les descendants afro-américains...Donc beaucoup de monde, et les marchands qui vivent du tourisme...Collants, très collants...plus qu'ailleurs...
Un peu déçue au premier abord...mais les couleurs, la mer, le vent, la marche à pied avec notre guide...Gorée nous prend sous son charme..


Où que l'on se trouve à Gorée, la mer n'est jamais loin


Tout en haut de l'île, le monument de l'esclavage, qui symbolise une voile de bateau

La maison aux esclaves, clou de la visite : à une époque, l'île a compté jusque 28 esclaveries de cette sorte...ce commerce ignoble n'a pu se développer que grace à des complicités locales...

Contraste entre les cellules du rez-de-chaussée et les appartements du haut...au fond entre les escaliers, la porte du non retour qui donne sur la mer...c'est par là que l'on embarquait les esclaves.
Une famille pouvait être complètement séparée...la mère partant aux Amériques, le père dans une plantation des Antilles et l'enfant vers le Brésil...par exemple
C'est là l'âme de Gorée...on a le coeur serré en voyant les cellules pour enfants et les cellules pour récalcitrants...un boyau sans fenêtre..on imagine 150 hommes dans une pièce, entravés, ne sortant qu'une fois par jour...


Le commentaire du conservateur, sans complaisance, fait surgir l'émotion. Il fait revivre les violences et les souffrances de la traite négrière et de l'esclavage.
Pour l'anecdote : Nelson Mandela aurait visité cette maison et serait rentré dans une cellule des récalcitrants, contre l'avis de son service d'ordre. Il en serait ressorti les larmes aux yeux...
Gerges Bush, lui, pour visiter l'île aurait envoyé un commando de G.I. vider l'île de ses habitants...pour une visite tranquille.
Tout le monde est revenu quand son hélico est reparti...no comment!

La porte du non retour


 
Quelle magifique image que cette petite fille qui joue dans la cour de la maison des esclaves...libre!!!

Nous sommes sortis entre deux files immenses de jeunes lycéens qui attendaient leur tour de visite...impressionnant!!


A la mémoire des esclaves

Il fait beau, il fait triste
Il y a Gorée, où saigne mon coeur mes coeurs.
La maison rouge à droite, brique sur le basalte.
La maison rouge du milieu, petite, entre deux gouffres d'ombre et de lumière.

Léopold Sendar Senghor - Lettres d'hivernage - 1973

M'Bour et la petite côte

La "petite côte" se situe au sud de Dakar, le long des 75 kms de côte allant de Dakar à Joal-Fadiouth, en passant par Somone, Saly et M'Bour...
Saly est souvent comparée à la côte d'azur du Sénégal et attire les touristes très "friqués"...et les tours opérators....
En mission, il y a les week-end...pour préparer la semaine suivante ou tout simplement pour se ressourcer et se reposer...(à nos frais bien sûr)
A M'Bour, notre QG était l'auberge N'Dialy...pas tape à l'oeil, très fleurie et très propre, en bord de plage...et avec un personnel très sympa...
Quel plaisir de trouver enfin une douche chaude, une liaison internet pas trop capricieuse, des cases très joliment arrangées, et le plaisir des baignades et du soleil...pour un peu, on se croirait en vacances (un peu seulement...)

Du haut de la terrasse de l'auberge, vue sur les bougainvillés et sur la mer...

Sur la plage, à côté de l'auberge,on pouvait assister aux entraînements des lutteurs d'une école de lutte...
Sur la photo, on aperçoit la case de Mélanie, où tout touriste trouve son bonheur en cadeaux de toutes sortes!!!
et puis il y avait les marchandes de colliers, bracelets et autres porte-clefs...le jeu c'est de marchander...au début, on se fait avoir, on n'ose pas et puis on se prend au jeu..Il suffit de se dire que ma foi tant pis, je n'en attends rien....je marchande pour le plaisir.
Les beaux sénégalais (vrais ou faux lutteurs) tentent leur chance auprès des femmes blanches, plus ou moins mûres...Mesdames nous représentons pour eux l'eldorado!!...argent facile, et on ne sait jamais... si elle m'emmenait en France...ou ailleurs!
Et certaines en profitent : il n'est pas rare de voir passer une dame d'un certain âge suivie d'un bel ephèbe noir qui porte son sac à main...
Mais "les mouches collent"! (proverbe sénégalais)...et pour être tranquille la phrase magique est : "mon mari m'attend à l'hôtel"...

Sur la plage, les pirogues des pêcheurs

Plus loin, le port de pêche et les fumeries de poisson. Lors de notre séjour au Sénégal, nous avons mangé beaucoup de poisson (crevettes, soles, queues de lotte, petits thons) que nous apportait à Thiès un marchand qui faisait les retours de pêche et qui nous les revendait (très frais).


Le dimanche matin, il est coutume de laver les animaux dans la mer...au bain les moutons, chevaux...pas toujours de leur plein gré!!





Marchande de colliers avec son bébé dans le dos