On ne peut aller au Sénégal sans penser à Gorée, sans aller à Gorée...mémoire de la traite négrière et de l'esclavage.
Les représentations que j'en avais venaient de mes lectures (
BD Les passagers du vent de François Bourgeon entre autres) et d'un film avec Bernard Giraudeau et Richard Borhinger (
Les caprices d'un fleuve).
Gorée est une petite île, située en face de Dakar : il faut donc prendre un bateau pour y aller.
Le port de Dakar
Dès l'embarcadère...beaucoup de monde...des classes entières de collégiens ou lycéens. La visite de Gorée fait partie des programmes scolaires. C'est pour cela que les tours opérators mettent le plus souvent cette visite les week-end.
En semaine, les touristes sont vite repérés; un guide nous propose ses services. Nous discutons les prix...
La traversée est très courte (à peine 20 min)...Beaucoup de monde...le bateau du matin amène également les Dakarois qui travaillent sur l'île.
Le fort d'Estrées à la pointe nord de l'île
L'histoire de l'île transparait dans son architecture...tantôt portugaise, hollandaise ou française...
On y repère les maisons à leur style mais aussi à leur couleur : rouge brique les maisons portugaises, jaune ocre les maisons hollandaises, blanches les françaises...une palette de couleurs. Beaucoup sont en mauvais état.
Tristement célèbre à cause de son rôle pendant la traite négrière, Gorée reste un lieu de pélerinage pour les Sénégalais et les descendants afro-américains...Donc beaucoup de monde, et les marchands qui vivent du tourisme...Collants, très collants...plus qu'ailleurs...
Un peu déçue au premier abord...mais les couleurs, la mer, le vent, la marche à pied avec notre guide...Gorée nous prend sous son charme..
Où que l'on se trouve à Gorée, la mer n'est jamais loin
Tout en haut de l'île, le monument de l'esclavage, qui symbolise une voile de bateau
La maison aux esclaves, clou de la visite : à une époque, l'île a compté jusque 28 esclaveries de cette sorte...ce commerce ignoble n'a pu se développer que grace à des complicités locales...
Contraste entre les cellules du rez-de-chaussée et les appartements du haut...au fond entre les escaliers, la porte du non retour qui donne sur la mer...c'est par là que l'on embarquait les esclaves.
Une famille pouvait être complètement séparée...la mère partant aux Amériques, le père dans une plantation des Antilles et l'enfant vers le Brésil...par exemple
C'est là l'âme de Gorée...on a le coeur serré en voyant les cellules pour enfants et les cellules pour récalcitrants...un boyau sans fenêtre..on imagine 150 hommes dans une pièce, entravés, ne sortant qu'une fois par jour...
Le commentaire du conservateur, sans complaisance, fait surgir l'émotion. Il fait revivre les violences et les souffrances de la traite négrière et de l'esclavage.
Pour l'anecdote : Nelson Mandela aurait visité cette maison et serait rentré dans une cellule des récalcitrants, contre l'avis de son service d'ordre. Il en serait ressorti les larmes aux yeux...
Gerges Bush, lui, pour visiter l'île aurait envoyé un commando de G.I. vider l'île de ses habitants...pour une visite tranquille.
Tout le monde est revenu quand son hélico est reparti...no comment!
La porte du non retour
Quelle magifique image que cette petite fille qui joue dans la cour de la maison des esclaves...libre!!!
Nous sommes sortis entre deux files immenses de jeunes lycéens qui attendaient leur tour de visite...impressionnant!!
A la mémoire des esclaves
Il fait beau, il fait triste
Il y a Gorée, où saigne mon coeur mes coeurs.
La maison rouge à droite, brique sur le basalte.
La maison rouge du milieu, petite, entre deux gouffres d'ombre et de lumière.
Léopold Sendar Senghor - Lettres d'hivernage - 1973