vendredi 28 mai 2010

"L'école maternelle" au Dispensaire Trottoir de Bobo Dioulasso

Même si ce n'est pas une véritable école au sens de l'école maternelle française, le quotidien des classes y ressemble beaucoup.
L'accueil se fait entre 7h30 et 8h, dans la cour (à cette heure là en Afrique, on est bien dehors...il fait presque frais).
En classe, comptines et rituels (date, présents absents...etc...). Puis éducation motrice ou plutôt ce que les programmes de l'Action Sociale nomment "Phase active"...pas de structure pour la motricité, seulement un petit préau devant la classe ou la cour très caillouteuse.
Vers 8h45, passage aux toilettes, lavage des mains et rinçage grâce à la bouilloire magique africaine (en fait c'est comme une petite bouilloire ou une grande théière en plastique colorée, bien pratique pour le rinçage des mains) : il n'y a pas de lavabo, ni d'eau courante.Donc un seau d'eau savonneuse où les enfants frottent leurs mains et les rincent au-dessus d'un deuxième seau avec la bouilloire remplie d'eau froide

C'est l'heure de la collation, assis sur les nattes dans le préau devant la classe


Il n'en perd pas une miette!...

La collation se compose souvent d' une bouillie de riz, ou de pain trempé dans du café au lait .

De nouveau lavage des mains et travail en classe, de 9h15-9h30 à 10h30-10h45

Lavage des mains après la récré
Récré : la cour est aménagée de jeux à grimper, mais très poussiéreuse
Avant de rentrer en classe, on se rince les mains (ce n'est pas du luxe)
et de nouveau travail en classe jusque 12h
C'est l'heure du repas : les enfants scolarisés sont nourris le midi. Le repas est pris dans le petit préau devant la classe.

Avant de manger, tous reprennent en choeur cette comptine :
-" Mon petit ventre
Réjouis-toi!...
Tout ce que je mange,
C'est pour toi!...
A table, à table,
A tous Bon Appétit!
Les grands et les petits!
Je te dis Bon Appétit,
Tu me dis Bon Appétit,
A toi aussi, Bon Appétit
Merci..."
 Au menu, tô de mil sauce Baobab, ou riz gras, ou tô de mil sauce légumes ou sauce Arachide.
Le Tô est une sorte de polente faite avec la farine de mil ou tout autre céréale. C'est assez bouratif, il faut une sauce pour l'agrémenter. La sauce Baobab est faite à partir de feuilles de Baobab séchées...c'est gluant mais paraît-il riche en fer...J'ai gouté, je n'ai pas aimé.

Tô de mil sauce Baobab
Par contre j'ai apprécié le riz gras et le tô avec la sauce légumes.
Il n'y a qu'un seul plat au menu. Les monitrices partagent entre les enfants et resservent un peu plus ceux dont elles savent que ce sera l'unique repas de la journée.
Et vous aurez remarqué que les enfants, comme les adultes mangent avec les doigts. Ils y sont habiles et c'est tout une technique pour que la sauce ne dégouline pas partout le long du bras!...
Aprés le repas, lavage des dents et des mains et c'est l'heure des mamans...

L'école se termine à 13h et il fait déjà très chaud...

samedi 22 mai 2010

Le village Peul



Nous repartons de Koro en voiture, avec notre guide et son mécanicien...Marie-Claire connaît un village Peul, tout près de Koro. Nous demandons à Abdou de nous y conduire. Par contre, là, ce n'est pas un village que "les touristes" peuvent visiter... Les Peuls sont une ethnie de bergers nomades. Ils déménagent pour suivre leurs troupeaux en fonction des pâturages. Ils sont musulmans.Leurs cases ont une ossature de bois qu'ils laissent sur place, n'emmenant avec eux que leurs meubles (comme leurs lits), leurs possessions et les "seccos" qui protègent leur case.

Dans ce village les cases sont en "dur" : les Peuls se sont sédentarisés

En arrivant dans le village, nous allons saluer le chef qui est sous la case à palabres. Marie qui revient des Commores connaît quelques mots d'Arabe. Abdou traduit notre demande.
Le chef est ravi de nous accueillir, ravi que Marie le reconnaisse et il nous donne l'autorisation de nous promener dans le village et il insiste pour nous faire visiter sa case.


Le lit se démonte pour le voyage

Le chef est riche...il a beaucoup de casseroles et elles brillent!...

Dans la case du chef, la jarre où l'eau est au frais. Il nous en offrira, mais nous ne pourrons accepter, nos intestins d'Européens étant trop fragiles...cela le fera rire...
Nous croisons une vieille femme qui tresse des "seccos", sortes de roseaux qui servent à faire des murs pour les abris, des balais, des portes....

Tressage de "seccos"

Les troupeaux près du village

Puis nous passons un moment avec les femmes qui sont au puits, lessive, pompage de l'eau...sans nous comprendre vraiment, nous passons un bon moment avec elles...il y a de la connivence dans l'air...

Lessive

Pompage...et rigolade...

Les femmes repartent à travers la brousse jusqu'à leurs cases

En repartant nous allons dire au-revoir au chef, nous lui faisons un cadeau, (médicaments -paracétamol et une obole).
J'ai eu l'impression de vivre un moment rare, d'être traitée comme une invitée, et ce fut vraiment un moment authentique.

J'ai beaucoup aimé les chaises longues...j'aurai bien fait une pause...

Puis nous repartons et Abdou et son mécanicien nous déposent en ville, à la piscine...Ah, le bonheur...douche et fraîcheur et des pieds enfin propres...

Notre piscine préférée, dans un "club sportif" surtout fréquenté par des expatriés

Ils ne sont pas beaux, mes pieds?...

vendredi 21 mai 2010

Le village de Koro

Premier week-end à Bobo...Le samedi, après être remontés chez nous entre midi et une heure, sous le soleil implacable, repas et...sieste!...on n'en peut plus de cette chaleur et il paraît que ce n'est qu'un début, que cela va s'amplifier.Quelques courses ensuite et resto le soir, au Dankan, qui sera notre resto préféré du WE : on y va en taxi, ce n'est pas trop cher,on peut y manger de la viande sans crainte - brochettes de zébu ou poulet, bien cuit...les frites et les pommes de terre sautées y sont très bonnes, la bière est fraîche et les yaourts sont frais et délicieux...cela nous change de notre quotidien.

Le lendemain, nous avons loué les services d'un guide qui doit venir nous chercher en voiture pour nous emmener visiter le village de Koro, en banlieue de Bobo, sur la route de Ouagadougou.
Quelle ne fut pas notre surprise de le voir arriver...avec un mécanicien : en effet, il n'est pas sûr que sa voiture supporte le voyage, donc il a préféré assurer le coup...
Sur la route, dès que nous sortons de Bobo, nous pouvons voir les vélos et les charrettes chargés de bois que les gens vont ramasser jusqu'à 15 kms de la sortie de la ville.C'est un sacré problème pour la déforestation et les autorités essaient d'y remédier par des campagnes de reboisement et par les foyers améliorés qui utilisent du charbon de bois et donc sont moins gourmands en bois qu'un foyer normal entre 3 pierres.

Le chargement de bois a versé...

Nous arrivons à Koro. Ce village typique se visite. Nous achetons notre ticket et un guide nous accompagne : c'est un jeune du village, malheureusement, il n'est pas "initié" et ne pourra pas nous emmener partout.
Le village de Koro est perché au-dessus d'une colline et nous rencontrons d'abord les femmes qui viennent chercher l'eau à la pompe avant de remonter au village, bien chargées, à travers des blocs de pierre et un chemin au dénivellé conséquent!..

Je suis en admiration devant leur port de tête et la sûreté de leurs pas (et pas une goutte d'eau par terre!...).

Eh oui, c'est là haut qu'il faut grimper...à travers les blocs de rocher...

Les maisons sont en banco, briques d'argile séchées

Nous parcourons les rues du village avec notre guide qui nous explique la vie et les coutumes locales.
La case à palabres où les femmes ne peuvent entrer sans y être invitées par un vieil "initié" du village...et comme notre guide est trop jeune et pas "initié"...nous restons devant.

Le fétiche, où sont faits les sacrifices...de poulet

Nous parcourons les rues. Le village est vivant, nous croisons ses habitants. Ce jour-là, il y a une fête de funérailles à laquelle nous ne pourrons pas assister, notre guide nous faisant passer là où nous ne risquons pas de voir quelque chose. PLus tard, une vieille femme nous invitera à venir, mais trop tard, tout le monde est parti...

La cuisine africaine, dehors, à ciel ouvert

Une porte de case tressée en "secco"

Les épis de maïs les plus beaux sont gardés pour les semences de l'année suivante

Les femmes de ce village fabriquent les "canaris" (jarres en terre cuite) en poterie. A côté du village, nous remarquons l'endroit où elles les font cuire.

Les canaris de couleur jaune sèchent en attendant d'être cuits au feu de bois. Ceux qui sont marrons foncés et noirs sortent du feu.Il n'y a pas de four; les canaris sont simplement recouverts de bois et le feu est alimenté assez longtemps pour que la terre cuise.

"Canaris" prêts à être lavés puis utilisés

Je regretterai souvent de ne pouvoir emmener en avion ces "canaris" ou ces jarres de terre...elles sont magnifiques...mais un peu encombrantes...surtout que j'aimai bien aussi les cages à poule en osier tressé...
J'imagine la tête des hôtesses : "SVP, le casier bagages à main est trop petit..."

mardi 18 mai 2010

Au boulot!...

Bon, ce n'est pas le tout!...on n'était pas là pour faire du tourisme... Parlons un peu boulot : l'association Partage nous mandatait pour la formation des monitrices, aide-monitrices de maternelle, de la classe d'alphabétisation, et des enseignants qui assuraient le soutien scolaire.
Mais le Dispensaire Trottoir est une structure privée qui ne dépend pas du ministère de l'éducation burkinabé.

Le système scolaire Burkinabé
Au Burkina, il n'y a pas d'école maternelle à proprement parler comme en France. Le système scolaire commence au CP et l'école est en français, alors que les enfants parlent le dialecte de leur ethnie (à Bobo le Dioula).
Les "garderies éducatives", lorsqu'elles existent dépendent de L'Action sociale. Les classes sont très chargées (60 à 80 enfants d'âge préscolaire). Les monitrices sont formées à l'école de Gaoua .
Lorsque les enfants rentrent à l'école (qui est payante...les familles doivent payer "l'écolage") le cursus scolaire se déroule ainsi :
CP en deux ans - CP1 et CP2
puis comme chez nous CE1, CE2, CM1 et CM2
Ensuite collège et lycée
Il y a des programmes officiels, livres de lecture, français, maths, etc...On y retrouve la pédagogie et le contenu de ce que nous connaissions dans les années 50-60 (ce qui est paradoxal, c'est qu'en CM2, les bons élèves ont un sacré niveau en maths et français, mais appris par coeur).
Le "Hic", et il est de taille, c'est que les classes sont très chargées : j'ai visité une classe de CP2 de 193 élèves...vous avez bien lu. Dans la même école, la classe de CP1 n'avait que 171 élèves et les autres classes plus de 200 élèves...
Imaginez : vous arrivez dans la classe et 193 enfants en choeur vous accueillent d'un "Bonjour Tantie" tonitruant...ça laisse sans voix...

Comment faire?...Quelle autre pédagogie mettre en place que celle du par coeur en répétant les phrases de lecture écrites au tableau?...Le maître a sa baguette pour faire suivre au tableau et il n'est pas rare qu'il s'en serve pour se faire respecter (ça "chicotte")...
Les enfants sont assis 6 par table, là on nous n'en mettons que deux, ils ne peuvent pas bouger.Celui qui a envie d'apprendre écoute et répète, les autres tant pis...


D'autre part  si l'enfant a de gros problèmes, est perturbateur, ne suit pas, il peut être renvoyé de l'école...et se retrouve dans la rue.
A partir de cette année, une loi vient d'être promulguée : on ne pourra plus renvoyer un élève...ce qui perturbe les enseignants car comment prendre en charge les enfants en difficulté dans des classes aussi chargées.
Parallèllement il y a des écoles privées, soit confessionnelles, ou autres.
Une chose m'a profondément choquée : l'école coranique qui envoie les enfants mendier et demander une obole aux passants. Ces enfants sont en haillons, on les reconnait à leur sébile rouge (boîte de conserve de sauce tomate)...et cela malgré une loi interdisant la mendicité, comme le proclame cette "affiche" dans le quartier du vieux Bobo...


Mais revenons au DT
Les enfants accueillis sont en majorité des enfants de familles très pauvres du quartier, parents décédés quelques fois (le Sida fait des ravages en Afrique), accueillis dans des familles d'accueil ou pour une petite partie d'entre eux internes au DT.
Il y a 3 classes de "maternelle" d'un effectif de 40 élèves seulement (PS-MS, MS et GS)
Dans chaque classe, une monitrice et une aide-monitrice, dont les salaires sont pris en charge par l'association Partage. Les monitrices ont été recrutées par le DT, toutes n'ont pas fait la formation à Gaoua, mais toutes sont volontaires et très engagées.
Après la maternelle les enfants sont inscrits dans les écoles du quartier. Ils sont parrainés par deux associations partenaires, Asmaé et Partage (l'écolage est payé).
Une classe d'Alphabétisation, les enfants renvoyés des écoles avec une monitrice.
Cinq enseignants assurent le soutien scolaire le jeudi après-midi, jour où il n'y a pas d'école (trois d'entre eux viennent des écoles du quartier, deux autres sont monitrices en maternelle).Ils assurent ces vacations en plus de leur travail habituel.
Afin de pérenniser la formation, Amélie,l'inspectrice de l'Action sociale pour les maternelles et Moussa,un enseignant du soutien scolaire, étaient présents lors des formations pour assurer le suivi après notre départ.


Siata, Hinsata et Djeneba en plein travail

Un aperçu de notre emploi du temps
Lundi, mardi, mercredi, vendredi : les matins de 8h à 12h - analyse de pratique, visites en classes soit de maternelle, soit d'alpha...deux classes en une matinée.
l'après-midi de 13h30 à 15h30 - 16h formation des monitrices et aide-monitrices avec Amélie
Le jeudi matin et le samedi matin 8h -12h : formation des monitrices et aide-monitices maternelle avec Amélie
Le jeudi après-midi : soutien scolaire de 13h30 à 15h30 : visite et analyse de pratique en classe
de 15h30 à 18h formation des 5 enseignants
Parallèllement en fonction de ses disponibilités formation de Moussa pour le suivi de la classe d'Alpha...
Et le soir de retour à la maison, après la douche préparation pour nous du contenu des formations...
Bref, on n'a pas chômé et c'était intense...mais super intéressant!

samedi 15 mai 2010

Notre "chez-nous" à Bobo Dioulasso pour un mois





Nous étions logés à l'occidentale : une petite maison, avec une cour, au confort simple...une grande pièce à vivre, une petite cuisine, deux chambres et une salle de bain WC avec douche et lavabo...douche froide, mais par 35 degrès en moyenne, on l'apprécie...eau courante mais pas potable pour notre système digestif fragile!...Donc, eau minérale ou eau traitée avec des comprimées, même pour se laver les dents.
Et surtout, nous avions une petite terrasse très appréciable pour les apéros du soir...
Dans la cour, arbres, fleurs, papayes (nous goûterons une papaye de notre papayer...)




Notre papayer














Nous avions pour voisins la famille Bado : le papa, André, travaillait au DT et s'occupait du poulailler.
Sa femme, Bibata, tenait un petit étal dans la rue devant la maison; elle nous faisait les courses, la cuisine et le ménage, ce qui assurait un salaire supplémentaire pour la famille.

L'étal de Bibata
Leurs trois enfants, Julienne , Emmanuel et Estelle,étaient scolarisés tous les trois : Estelle en grande section de maternelle au DT, Emmanuel dans une école primaire du secteur en CE2 et en soutien scolaire au DT, et Julienne au collège, en sixième.
Nous sommes arrivés le 16 janvier, 15 jours après Noël.
Dans la rue, devant les maisons, on pouvait voir encore les crèches miniatures que les familles catholiques construisent devant chez elles pour Noël.
Dans ce quartier assez pauvre, les coupures d'électricité étaient fréquentes. Une heure presque tous les jours, en soirée bien sûr...problème pour le réfrigérateur...et pas de ventilateur...quel soulagement quand l'électricité revenait...enfin de l'air!...
Il y eut également coupure d'eau...pendant trois jours...il fallut faire des réserves dans des bidons...je devins championne de la douche avec un demi seau d'eau, trois quart de seau cheveux lavés...
Le problème le plus crucial était pour les toilettes...
Notre vie s'est organisé...boulot, de retour à la maison, re boulot (préparations, docs, compte-rendus), douche (Ah!...enfin de la fraîcheur), apéro...et coucher de soleil tous les soirs au-dessus du portail...

La nuit tombée, des tas d'étoiles inconnues et la lune, dont le croissant était, non pas vertical comme chez nous, mais à l'horizontale...